Le Kabedon dans les dramas

par Amélie D

Considéré comme cliché par certain, romantique par d’autres, une chose est sûre : le kabedon fait partie des incontournables du K-Drama. D’origine japonaise, le mot se compose de « kabe » qui veut dire « mur » et de « don » qui connote un bruit puissant. Il fait donc référence à l’action de frapper le mur avec sa main et, ce faisant, d’emprisonner une personne entre soi et le mur. Une telle scène vous est forcément familière mais à quoi sert-elle vraiment ?

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Pinocchio ©SBS

Un kabedon pour chaque sentiment

Apparaissant généralement dans la première moitié d’un drama, le kabedon offre un premier contact rapproché, voire intime, entre les protagonistes. Mais il permet surtout de dévoiler les sentiments de celui qui le réalise.

Pour cela, plusieurs manières de faire un kabedon existent.

1. Avec le coude

C’est le plus intimiste de tous. Il force les deux personnages à être très proches l’un de l’autre, et est donc utilisé par les hommes qui veulent flirter ou déclarer leurs sentiments. C’est également le plus romantique et celui réalisé avec le plus de douceur.

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Love and ∏ ©Viki
2. À une main

Réservé aux bad boys, c’est le kabedon le plus violent. Toutefois, si la fille qui en fait les frais perçoit surtout la colère de son agresseur, ce kabedon est bien souvent le résultat d’une jalousie piquée au vif. Le personnage masculin, incapable de déclarer sa flamme, réagit au quart de tours dès qu’il est question de l’élu de son cœur.

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Sweet Revenge ©BTV

Pour un style de gangster ultime, une variante existe : bloquer le passage de l’héroïne avec sa jambe. Cette manière (cool ?) de procéder apparaît majoritairement dans les school dramas.

3. À deux mains

Subtile mélange des deux premiers, il est offensif car la fille est complétement emprisonnée, mais il est doux, dans la mesure où il est utilisé pour flirter. Ce kabedon est généralement utilisé par des personnages gentils/mignons qui sont assez énervés pour faire un kabedon à une main, mais pas assez intimidants pour que cela suffise à retenir leur cible.

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Pinocchio ©SBS

Les femmes et le kabedon

D’une certaine manière, le kabedon est aussi révélateur des sentiments des personnages féminins. En effet, le fait qu’elles se laissent faire témoigne d’une forme d’affection.

Les kabedons mettent également en valeur la personnalité des héroïnes. Celles qui sont douces et innocentes baissent la tête, paralisées. Les plus indépendantes soutiennent le regard de celui qui les bloque. Enfin, les femmes fortes et badass font elles-mêmes le kabedon.

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Mad dog ©KBS

Mais pourquoi ce geste a-t-il autant la cote chez la gent féminine ? Tout d’abord, un homme qui réalise un kabedon montre qu’il est entreprenant, trait de caractère souvent apprécié par les Coréennes. De plus, si en France les contacts physiques, même amicaux, ne sont pas rares, les choses sont bien différentes en Corée du Sud. Aucun rapprochement n’y est anodin. Ils ont même développé le skin ship, sorte de guide tacite des différentes étapes tactiles qu’un couple doit passer. Dans ce contexte, le kabedon est vraiment quelque chose d’osé qui brûle les étapes. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est principalement associé aux bad boys : il a le goût de l’interdit.

Un geste controversé

En jouant justement avec l’interdit, le kabedon ne peut pas plaire à tou(te)s. Il apparaît comme le symbole de la domination masculine. De même, notamment aux yeux des Occidentaux, il se rapproche parfois d’une forme de harcèlement sexuel.

La réussite d’un kabedon dans les dramas s’évalue alors à la réaction qu’il suscite chez le spectateur. S’il le trouve naturel et mignon, c’est que l’alchimie entre les deux protagonistes est bien amenée. À l’inverse, certains kabedons nous font grincer des dents tellement l’héroïne ressemble plus à une victime qu’à une femme convoitée.

Ainsi, le kabedon de Lee Minho dans Heirs est plutôt intrusif. Il a lieu dans une pièce étroite et isolée et l’héroïne, jouée par Park Shin Hye, semble vraiment vouloir s’enfuir. Paradoxalement, cette scène est plus controversée que celle du kabedon que réalise Kim Woo Bin, toujours sur Park Shin Hye, plus tôt dans la série. Notamment parce que celui-ci a lieu dans les couloirs du lycée, mais aussi car le réalisateur a su construire un triangle amoureux qui fonctionne.

De même, dès le premier épisode de Love Alarm, l’héroïne est conduite dans une impasse pour être embrassée par le protagoniste masculin. Transposée dans la vie réelle, une telle situation serait certainement vue comme une agression.

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Love Alarm ©Netflix

Le kabedon semble donc moins intrusif et violent dans un lieu fréquenté, où l’on sait que l’héroïne ne craint rien.

Dans un drama, le kabedon reste une scène culte qui peut prendre de multiples formes et offrir des ambiances très distinctes. Qu’il soit intense, romantique ou parodique, il nous convint surtout car on connaît l’issu de l’histoire : les deux protagonistes vont finir ensemble. Toutefois, comme nous ne vivons pas dans le monde merveilleux des dramas, nous vous déconseillons de le tenter sur votre dulcinée !