Le service militaire en Corée du Sud

par Amélie D

Si vous êtes fan de K-Pop, vous en avez forcément entendu parler. Abandonné en 1997 en France, le service militaire est toujours en place en Corée du Sud. Un passage obligé que les Coréens doivent prendre en compte dans la construction de leur carrière. On vous en dit un peu plus sur son fonctionnement.

Kim Soo Hyun © Xsportsnews

Comment se passe le service militaire en Corée du Sud ?

Un service militaire d’environ deux ans est obligatoire pour tous les hommes de nationalité sud-coréenne. Ils doivent l’effectuer entre l’âge de 18 et 28 ans.

Cinq possibilités s’offrent à eux :
– L’armée de terre pendant 21 mois
– La marine pendant 21 mois
– Le corps des marines pendant 23 mois
– Les forces aériennes pendant 24 mois
– Le service non-actif (pompier, policier…) pendant 24 à 36 mois

À noter : Les femmes aussi peuvent s’enrôler, mais elles n’ont aucune obligation.

Un service militaire difficile et en perdition

Ces deux ans d’engagement sont loin d’être une partie de plaisir pour les Coréens. Leur service commence par six semaines de formation où les sorties et les téléphones sont interdits. Et ils doivent ensuite attendre cent jours avant d’avoir leur première permission… de quatre jours ! Leurs vies sont sinon rythmées par des entraînements intensifs et des corvées.

L’armée sud-coréenne fait, de plus, face à un problème. Le taux de natalité de la Corée du Sud est le plus faible du monde ! À terme, le gouvernement estime une pénurie de troupe d’ici 2032. Ainsi, les exemptions de service militaire se font de plus en plus rares et on recense 91 % d’appelés. Des jeunes fragiles physiquement y sont donc envoyés. L’armée vise aussi les femmes qui ne représentent qu’environ 7 % de ses effectifs actuels.

Le service militaire : vraiment obligatoire ?

La réponse est oui, oui et encore oui ! Un Coréen refusant de faire son service militaire encourt jusqu’à dix-huit mois de prison. Ou, depuis 2020, de quatre ans de travaux d’intérêt généraux dans des camps fermés mais avec quelques permissions.

Le service militaire est profondément ancré dans la culture coréenne, il fait notamment partie des quatre devoirs constitutionnels avec le travail, l’éducation et les impôts. Tenter de passer outre est donc très mal perçu. Il faut aussi garder à l’esprit que la Corée du Sud est encore officiellement en guerre avec sa voisine au Nord, aucun traité de paix n’ayant jamais était signé. Se tenir prêt à défendre son pays est donc le devoir de tout citoyen.

Ainsi, tous les idols, même ceux qui contribuent au soft power de la Corée du Sud, sont dans l’obligation d’interrompre leur carrière pendant deux ans. Jin (BTS) a d’ailleurs déclaré à ce sujet : « Le service militaire est un devoir naturel […], je répondrai présent quand je recevrai l’appel de mon pays ».

Toutefois, depuis 2020, ce qu’on appelle plus communément la « loi BTS » permet aux artistes ayant un réel impact sur l’image de la Corée de repousser leur enrôlement jusqu’à leurs 30 ans.

Ryeowook (Super Junior) © Yonhap

Quelle retombée pour les idols ?

Outre le fait de devenir la risée des fans en cas de manquement à leur devoir, le service militaire a un grand impact sur la carrière des idols.

Tout d’abord, dès leurs 25 ans, ils ne peuvent plus voyager à l’étranger sans obtenir une permission de l’Administration Militaire. En effet, beaucoup de célébrités utilisaient l’excuse des voyages professionnels pour reporter le plus possible leur enrôlement. Ainsi, plusieurs artistes se sont vus privés de concerts à l’étranger, faute d’obtenir la dérogation.

De plus, dans une industrie où il faut être omniprésent, où la concurrence est rude et où les groupes font des comebacks deux fois par an, une telle pause peut être fatale. Kisu (24K) expliquait par exemple avoir peur d’être oublié lorsqu’il a été remplacé à son départ pour l’armée.

L’enrôlement force les groupes à fonctionner avec de nouveaux membres ou des membres manquants, entraînant une perte de repères pour les fans et des déséquilibres. Nombreux sont également les groupes à s’être séparés juste avant le service militaire des membres.

Les idols K-Pop et l’armée

En fin d’année 2020, l’administration de la main-d’œuvre militaire a officiellement félicité trois idols pour leur service militaire exemplaire : Minho (SHINee), Yook Sungjae (BTOB) et Chansung (2PM). Cette mise en avant avait notamment pour but de pousser les célébrités à s’engager avant leurs 28 ans.

kworld-service militaire Minho fait un service exemplaire
Minho (SHINee) © Tistory

Les idols ne possédant pas la nationalité sud-coréenne sont les exemples parfaits de l’importance du service militaire dans le pays. En effet, reconnaissant envers leur pays d’accueil, ou ne voulant pas décevoir leurs fans, ils effectuent souvent leur service.

À l’inverse, l’exemption de BTS est un feuilleton aux multiples rebondissements. Pertinent, scandaleux ou porte ouverte à toutes les dérives ? Qu’importe ce qu’on en pense, il pourrait provoquer de profonds changements dans les années à venir.

Rythmée par les départs et les retours de l’armée, l’industrie du divertissement est étroitement liée au service militaire. Toutefois, même s’il suscite le débat, il reste une trop grande évidence dans la vie des Coréens pour qu’il disparaisse, ou pour voir les célébrités y renoncer.