LIVE REPORT : Dreamcatcher au Zénith, un conte de fées rock

par Christelle Nabor
©Dreamcatcher Company

Une idée originale

En 2016, l’agence sud-coréenne Happy Face Entertainment fait un pari fou, celui d’intégrer le rock et le metal dans un groupe de K-Pop féminin. À l’époque, c’est une première. Si les Japonais ont depuis longtemps réinventé ces genres musicaux avec l’apparition du J-Rock dans les années 70, puis du visual kei dans les années 90, la Corée – plus particulièrement l’industrie K-Pop – hésite encore à tirer parti du genre. Qui plus est, du côté féminin. Pourtant, le pays est très ouvert au rock. Car, depuis les années 50, cette musique d’origine américaine s’est infiltrée dans toute l’Asie et a façonné une grande partie de l’histoire de la pop coréenne… Malgré tout, à l’aube de la quatrième génération K-Pop (~ 2016-2022), le rock féminin demeure encore timide sur la scène K-Pop…

Le bon groupe

Chez Happy Face Entertainment, le duo de producteurs Leez & Ollounder presse alors une niche à exploiter. Cela tombe bien : le girl group MINX essuie, depuis quelques mois, des échecs cuisants, faute d’un concept visuel et musical fort.

En 2017, MINX accueille donc deux nouveaux membres, se rebaptise Dreamcatcher et propose sa nouvelle formule avec le single Chase. Fini la candeur et les MV rose bonbon, Dreamcatcher vire gothique avec une formule rock et metal percutante. L’influence J-Rock est limpide, c’est la formule gagnante !

Pour les sept années à venir, Dreamcatcher va s’imposer comme LE groupe féminin au concept surnaturel le plus réussi de sa génération. Si la musique de l’équipe, mêlant une multitude d’influences musicales aux genres rock et metal (electro-rock, drum & bass, moombahton, EDM, etc.), a tendance à déconcerter les Sud-coréens, le public international accueille le groupe à bras ouverts depuis ses (re)débuts. À ce jour, Dreamcatcher s’est produit avec un succès croissant sur la plupart des continents, dont l’Europe qu’elle visite cette année pour la cinquième fois. 

En route pour un voyage surnaturel

Ce 25 février, à l’occasion de la branche européenne de sa tournée Lucky Inside 7 Doors débutée à Barcelone le 17 février dernier, Dreamcatcher investit la scène du Zénith de Paris. Peu avant le show, les InSomnia (NdlR : nom des fans) sont calmes. Dans la fosse, qui s’étoffe à vue d’œil, quelques capes et sceptres emblématiques du groupe émergent. Contrairement aux pratiques habituelles des concerts de K-Pop, la bande sonore de la salle passe surtout des instrumentaux lambda, au lieu des tubes du groupe vedette. Parfois seulement, ces instrumentaux sont ceux de Dreamcatcher. La foule, devenue compacte en quelques minutes, manque de stimuli. Du reste, nous remarquons l’absence d’écrans additionnels au tableau central. Sauf surprise, nous ne verrons donc pas le groupe de « près », ce soir.

Lever de rideaux

À19h37, les lumières s’éteignent. Le public s’éveille. Une courte vidéo d’introduction présente le groupe dans un univers mystique, typique de Dreamcatcher. Le septet fait ensuite son apparition, vêtu de capes solennelles dont il se débarrasse pour dévoiler de charmants costumes de scène rouges et noirs. Les InSomnia sont aux anges. Le groupe enchaîne avec son dernier single OOTD, une ode à l’individualité sur fond de rock psychédélique. Ce soir, seuls six membres dansent, au lieu de sept, car SuA souffre d’un début de grippe. Elle reste donc assise au chant, en retrait de scène. Du moins, pour le moment. Car, bien vite, l’ambiance monte d’un cran, poussant la belle à se joindre à ses collègues. 

Chaude ambiance

Il n’est pas toujours nécessaire de danser lorsque l’on fait du rock. Aussi, de nombreux morceaux, comme Wake Up, Diamond, ou Mayday se passent de la contrainte d’une chorégraphie, ce qui laisse aux membres – y compris SuA – tout le loisir de se rapprocher des fans et de se défouler sur scène (toutes proportions gardées, bien entendu). SuA reprend des couleurs pendant Rising, morceau épique durant lequel elle délivre ses plus puissantes vocalises. Si le public s’avère un peu mou en début de show, l’enthousiasme débordant des chanteuses envahit très vite la salle. Au quart de la setlist, l’ambiance est au beau fixe. Et elle reste à son comble jusqu’au bout, même pendant les ballades. Car les voix solides des chanteuses et le rap profond de Dami sont aussi efficaces sur bande sonore qu’en live. Durant leurs entractes parlés, les filles ne cessent de remercier les InSomnia de suivre leurs aventures musicales depuis le début ou non. Nous savons d’ores et déjà que le groupe, fort de son succès mondial, n’a pas attendu la fin de son contrat, prévu cette année, pour renouveler ses engagements avec son agence. 

Apogée et rappel

Le show atteint son apothéose avec l’excellente b-side Silent Night. Si son final épique sur fond de psytrance délirante nous avait semblé court sur album, le groupe et ses ingénieurs son s’en donnent à cœur joie, étirant ce final à l’infini pour une ambiance « festival EDM Tomorrowland » bouillante. Mais le concert touche déjà à sa fin. Après un dernier entracte parlé et l’exécution parfaite des tubes BOCA et BONVOYAGE, il est temps de se dire au revoir… Mais pas tout de suite ! Rappel oblige, après s’être éclipsées un instant, les filles sont de retour sur scène, affublées des T-shirts de la tournée, pour leurs deux derniers morceaux : We Are Young et REASON. Deux titres qui, à eux seuls, résument parfaitement la carrière musicale des filles : EDM puissante et hard rock sans concession. 

Dreamcatcher est une référence sûre dans le paysage K-Pop. Grâce à la prise de risque de son agence, désormais renommée Dreamcatcher Company, d’autres groupes aux concepts similaires ont pu voir le jour ailleurs et diversifier plus encore la palette visuelle et musicale de la K-Pop. Pensez à PinkFantasy, PIXY ou DreamNote. Les concepts horrifiques et surnaturels, autrefois parcellaires dans l’industrie, sont dorénavant d’usage. Merci Dreamcatcher pour ce show épique et pour votre précieuse contribution à l’histoire de la K-Pop. 

©Dreamcatcher Company

Remerciements : Dreamcatcher, Dreamcatcher Company & MyMusicTaste


L’actu K! World

Le magazine K! World fait peau neuve ! Retrouvez en vente dans vos points presse le N°39. À l’affiche de ce nouveau numéro plein de surprises : Taeyong, Ten (et le point NCT), (G)I-DLE, TWS, Mon démon, P1Harmony, Aniteez et bien d’autres encore…

Lisez un extrait gratuit du N°39 en cliquant ici !