LIVE REPORT : Une difficile fin de tournée au Dôme de Paris

par Christelle Nabor
©SM Entertainment

Une image médiatique unique

Depuis ses débuts en 2020, nous connaissons æspa pour son concept cyberpunk assumé. Ce projet imaginé par SM Entertainment présente quatre chanteuses réelles, chacune accompagnée de son « æ », c’est-à-dire d’un avatar vivant dans un monde virtuel appelé « Kwangya ». Selon une narration stricte, le système opérateur appelé « nævis » est à l’origine de la création de ces avatars et il est actuellement infecté par un virus nommé « Black Mamba ».
La musique des filles, quant à elle, combine à la K-Pop un mélange de musique électronique apprécié des micro-communautés internet – hyper pop, glitch, cybergoth, pink noise… La plupart de leurs premiers clips racontent ainsi leurs mésaventures visuelles et musicales entre mondes réel et virtuel. À l’heure des restrictions liées au Covid-19, qui pousse une population grandissante à tripler son temps d’écran quotidien, les mondes virtuels sont plus que jamais à la mode. Aussi, æspa et son intelligent concept cyberpunk trouvent rapidement leur public et caracolent au sommet des classements musicaux mondiaux.

En 2023, SM Entertainment repense néanmoins son projet pour s’éloigner radicalement du concept que l’agence pense dorénavant en décalage avec la tendance « rétro 90-2000 ». Avec le single Spicy, sorti en mai dernier, la nouvelle formule æspa, teintée de pop-punk des années 2000, s’aligne naturellement avec l’air du temps. Aussi, les ventes du girl group dépassent de loin ses précédents records.
Depuis février, le quatuor chemine les routes d’Asie, d’Amérique et d’Europe grâce à l’immense tournée SYNK: HYPER LINE. Le 30 septembre dernier, à l’occasion du dernier show de la tournée, nous nous sommes rendus au Dôme de Paris (anciennement Palais des Sports) pour acclamer ces idols semi-virtuelles. Comment se débrouillent les filles en cette fin de tournée ? Retour sur le show.

æspa en chair et en os

Les fans de K-Pop de longue durée ont leurs petites habitudes dans les modestes locaux du Bataclan, ceux du Zénith ou de l’immense AccorArena. Pour ce concert unique, nous entrons pour la première fois au Dôme de Paris, une grande salle de plus de cinq mille places. La première venue d’æspa en concert en France est un événement très attendu des MYs (NdlR : nom des fans) qui s’agglutinent gaiement en fosse et en gradins.

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À 20 h 20, le show débute enfin. Une vidéo d’introduction présente les avatars des filles (« æ ») dans l’ambiance cyberpunk de rigueur. Les quatre chanteuses apparaissent ensuite dans leurs costumes de scène, sculpturales, pour interpréter Girls et ænergy, premiers morceaux vigoureux d’une longue série de tubes. À l’occasion, Winter dégaîne même une guitare électrique, la fameuse Gibson Flying V adorée des stars de hard rock 80’s pour y grattouiller quelques notes pré-enregistrées qui ravissent le public. On a également vu la chanteuse chatouiller une guitare Jackson Kelly sur d’autres dates de la tournée. Si les idols semblent ravies d’être présentes à Paris ce soir, la fatigue d’une fin de tournée harassante se lit sur leurs visages impassibles, leurs rares interactions entre elles, ainsi que leur pas de danse, parfois pâteux. Elles sont épuisées, et c’est normal, la tournée s’éternise depuis plusieurs mois déjà. Néanmoins, « the show must go on » !

Adrénaline, mon amie

Au cours du spectacle, les « æ » apparaissent ponctuellement sur les écrans situés derrière æspa. Contrairement aux shows de K/DA, Tupac ou ABBA, pas d’hologrammes scéniques prévus dans la logistique de ce show. Dommage, le thème « cybernautique » s’y prêtait pourtant parfaitement. Néanmoins, une équipe de talentueuses danseuses serpente divinement autours des chanteuses dont le show est rôdé à la seconde près.

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Après les présentations – et les compliments d’usage : « Paris est vraiment une ville de lumière ! », « Je t’aime MY » – le show redémarre. Les filles présentent des solos démontrant notamment leurs divers talents de performance vocale. Le public aime la reprise de S.E.S., Dreams Come True, les arpèges envoûtants de Welcome To MY World, et la mélancolie addictive de I’m Unhappy. Coté tubes dansants, æspa délivre une ribambelle de titres efficaces et parfois interactifs comme YEPPI YEPPI, Better Things et bien entendu Spicy que les fans adorent. L’ambiance est à la fête, même si le son de la salle laisse par moments à désirer. Des vidéos d’entractes, souvent enveloppées d’un symbolisme nébuleux, rythment le show et permettent aux filles de présenter de très jolies tenues de scènes.

Caméra intrusive et tubes explosifs

Ces derniers temps, une nouvelle tradition prend place dans les concerts de K-Pop : à la manière des écrans JumboTron des stades américains, une caméra intrusive montre de manière aléatoire le public dansant sur les tubes d’æspa pendant que les chanteuses se changent en coulisses. Une initiative amusante que l’on espère voir perdurer en France. Une fois l’entracte passée, le quatuor réapparait pour le clou du spectacle : la performance attendue de Next Level et Black Mamba, deux tubes absolus qui ont érigé le groupe au top des charts mondiaux. Les filles exécutent ainsi leurs chorégraphies dans un superbe spectacle son, lumière et confettis, rendant enfin hommage à leurs talents.

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Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Après le rappel, qui présente les ballades ICU et ‘Til We Meet Again, les filles remercient timidement le public français de son accueil, versent une larmichette et ramassent les quelques cadeaux des fans avant de prendre l’habituelle photo de fin de concert, drapeau français en mains. Lumière rallumée, le stade se vide : æspa a enfin terminé sa tournée.

Ce show fut peut-être celui de trop pour l’équipe. Malgré une bonne volonté, un spectacle satisfaisant et un public enjoué, la fatigue l’a malheureusement emporté sur les promesses de la performance. Il n’est jamais simple de passer sa vie au service d’une machine. Nous espérons cependant retrouver æspa au plus vite et dans de meilleures conditions. Souhaitons un bon repos à Karina, Giselle, NingNing et Winter, et un prochain comeback du tonnerre ! Merci de vos efforts, et à très vite, æspa !

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Setlist

Girls
ænergy
I’ll Make you Cry
Savage
Menagerie (solo de Karina)
Illusion
Thirsty
Lucid Dream
Dreams Come True (reprise de S.E.S.)
Lips (solo de Winter)
Life’s Too Short
Welcome To MY world
Don’t Blink
2HOT4U (solo de Giselle)
YEPPI YEPPI
YOLO
Hold On Tight
Spicy
Better Things
Wake Up (solo de NingNing)
Salty & Sweet
Next Level
Black Mamba

Rappel :
‘Til We Meet Again
ICU