TREMPLIN : la franchise sans limite de HA:TFELT

par Maurgane

Sur la scène musicale sud-coréenne, les artistes qui partagent sans détour les moments les plus difficiles de leur vie sont plutôt rares. Maintenir une façade heureuse est bien souvent un impératif. Néanmoins HA:TFELT, auparavant Yenny de Wonder Girls, n’hésite pas à faire de sa musique son exutoire.

Avec des sonorités R&B veloutées, ses œuvres extrêmement personnelles sont de vraies pépites pour les adeptes du genre et de l’authenticité. Comme d’habitude avec nos tremplins, on vous guide ! 🙂

© Amoeba Culture

DES ÉTATS D’ÂME EN MUSIQUE

Pour découvrir l’artiste, on vous suggère donc de commencer par écouter Life sucks. Cette chanson, c’est un condensé de sincérité brute et d’esthétique musicale. Éprouvante dans ses paroles mais douce dans ses sonorités, c’est une œuvre qui risque bien de vous marquer !

Attention toutefois si vous ne supportez pas la vue du sang : ne regardez pas le clip !

Life Sucks déborde de sophistication à tous les niveaux. Le timbre angélique d’HA:TFELT et la gravité portée par les instruments s’harmonisent à la perfection. L’artiste maîtrise totalement les effets de respiration et son chant papillonnant capture efficacement l’attention. On a là une chanson fascinante qui représente une expérience puissante pour les sens comme pour le cœur.

Et une fois n’est pas coutume, elle est intégralement écrite en anglais. Comme pour permettre à HA:TFELT de crier sa douleur au monde entier… Car c’est bien ce dont il s’agit ici. Life Sucks exprime sa peine vis-à-vis d’un incident à l’origine de la période la plus sombre de sa vie : son père qui l’a embarquée bien malgré elle dans le tumulte de ses propres crimes.

La discographie d’HA:TFELT est fortement caractérisée par la mise à nue de ses expériences et de ses ressentis. Plutôt que de chercher à incarner un concept spécifique, elle se concentre sur la matérialisation d’états d’âme uniques et intimes, sublimés par des mélodies pleines d’un groove hypnotique…

TALENT PRESTIGIEUX

Relevons maintenant à quel point HA:TFELT peut nous transcender sur scène. Certes, elle ne nous fait pas bénéficier de chorégraphie, mais elle n’en est pas moins impressionnante. La façon dont elle interprète ses morceaux est techniquement impeccable : la preuve avec cette représentation de Solitude.

Sa voix est aussi bien contrôlée que dans la version studio de la chanson et elle joue même davantage avec sa texture. En oscillant entre une voix claire et une voix plus éraillée, elle amène une variation et une complexité bienvenues. On peut aussi applaudir la gestion de son souffle qui vient constamment enrichir ses prouesses vocales.

Vous l’avez probablement remarqué, HA:TFELT compense aisément le manque de danse susceptible de nous captiver, et ce n’est pas qu’avec sa voix ! Elle agrémente son interprétation de regards transperçants qui laissent transparaître toute la sincérité qu’elle exprime dans ses chansons et contribue ainsi à maintenir notre intérêt.

Place à la présentation de l’artiste !

HA:TFELT (핫펠트)

© Amoeba Culture

Nom réel : Park Ye Eun (박예은)

Date de naissance : 26/05/1989

Anecdotes : Elle sait jouer du piano et de la guitare. Son pseudonyme HA:TFELT est la fusion entre les mots anglais « hot » et « heartfelt » qui correspondent respectivement à « chaud » et « sincère ».

Nom du fandom : Jadu (자두), qui signifie prune en coréen.

La première fois que Ye Eun a pris le nom de HA:TFELT remonte à juillet 2014. Elle endossait alors le rôle de chanteuse principale de Wonder Girls depuis sept ans déjà, et sortait son premier album solo. Intitulé Me ? et produit de A à Z par l’artiste elle-même, l’album a figuré dans le classement des dix meilleurs albums de K-Pop de 2014, effectué par Billboard.

Trois ans plus tard, avec Lee Sun Mi, Ye Eun décide de ne pas renouveler son contrat chez JYP Entertainment. Cela signifie la fin des activités pour le groupe Wonder Girls, mais aussi le retour de la libre expression musicale d’HA:TFELT. Ye Eun signe chez la maison de disque Amoeba Culture et sort le single album MEiNE en octobre 2017, suivi de Deine en avril 2018.

© Amoeba Culture

C’est après une collaboration avec Moonbyul de MAMAMOO, pour la chanson Happy Now, qu’HA:TFELT nous a dôté d’un album complet, nommé 1719. Ce titre fait référence à l’intervalle durant lequel le soleil se couche (entre dix-sept et dix-neuf heures), aux âges entre dix-sept et dix-neuf ans mais surtout, aux années 2017 à 2019. C’est effectivement pendant cette période que Ye Eun a beaucoup souffert mais est finalement parvenue à vaincre ses pensées suicidaires.

1719 comprend dix morceaux exclusifs, écrits et composés par l’artiste elle-même et relate sa guérison avec poésie et véracité. C’est une oeuvre autobiographique thérapeutique dont on peut sans aucun doute tirer pas mal d’inspiration ! Accompagné d’un livre illustré expliquant le contexte derrière chaque chanson, il s’agit d’un album riche et varié, ancré dans une ambiance globalement posée. Les chansons vont de la ballade jazzy à l’electro pop, en passant par des sonorités rock… HA:TFELT y rappe même parfois et son groove si particulier ne manque pas à l’appel.

Suite à cet album intense, le dernier comeback de l’artiste se veut plus léger. En effet, le single La Luna sorti en septembre dernier rappelle l’été et met facilement de bonne humeur !

POUR APPROFONDIR

Pour une fois, il y a bel et bien du contenu disponible sur l’artiste avec des sous-titres français ! Par contre… La plupart provient de l’époque où Wonder Girls était toujours en activité. Ainsi, vous pouvez découvrir ci-dessous un interview réalisé à l’occasion de la sortie du premier album solo de HA:TFELT. Même s’il est daté, il met indéniablement en valeur l’état d’esprit de la chanteuse-compositrice.

N’hésitez pas à explorer davantage, notamment en suivant HA:TFELT sur les réseaux sociaux ! Surtout que cette dernière ne se contente pas d’être honnête uniquement dans sa discographie. Régulièrement, ses publications expriment ses opinions forts et engagés, notamment en matière d’émancipation des femmes. Et on ne peut que l’admirer pour ça !

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