Inscrites au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2016, les haenyeo incarnent l’âme de Jeju. Située au sud de la péninsule coréenne, cette île volcanique, surnommée « Samdado » (île aux trois abondances), est réputée pour ses vents, ses pierres… et surtout ses femmes pêcheuses.

Héritage millénaire
Dès l’époque des Trois Royaumes (-57 à 668), les habitants de Jeju offrent au roi algues et fruits de mer. Aujourd’hui, les haenyeo, littéralement « femmes de la mer », sont les seules à perpétuer cette tradition. En apnée, dans les eaux glaciales du littoral et parfois même enceintes, elles plongent à la recherche d’ormeaux, de poulpes, d’oursins ou de concombres de mer. Elles ne seraient plus que trois mille deux cents, âgées pour la plupart entre 60 et 80 ans. Ce métier aussi noble que rude, représentatif de l’identité de Jeju, est aujourd’hui menacé de disparition.
Communauté soudée et hiérarchisée
Les haenyeo sont organisées en trois niveaux de compétence : les hagun (débutantes), les junggun (intermédiaires) et les sanggun (expertes). Elles plongent toujours en groupe, guidées par la cheffe – représentante de la communauté – la « daesanggun haenyeo », élue par ses pairs pour son expérience et sa sagesse. Leurs journées commencent souvent dans le bulteok, abri circulaire en pierre volcanique faisant office de vestiaire, de cantine et de lieu de réunion. Ce savoir, transmis de génération en génération, est un pilier de la culture de l’île.
Les haenyeo ne sont pas que des plongeuses : elles sont la mémoire vivante, actrices d’un patrimoine unique et symbole de féminité indépendante et libre.
Entre tradition et modernité
Jusqu’aux années 1970, les haenyeo portent un simple vêtement de coton appelé mulsojungi. Elles adoptent ensuite la combinaison en néoprène (gomuot), plus pudique et surtout mieux adaptée aux plongées prolongées. Leur équipement inclut un masque rond, des gants, des palmes (oribal) et une cagoule. Elles emportent un kkakkuri (crochet pour extraire les fruits de mer), un bitchang (couteau pour décoller les ormeaux) ou encore une lance, le jaksal ou sosal.
Autre outil indispensable : le tewak, petite bouée flottante servant à se déplacer ou se reposer entre deux plongées, fabriqué autrefois en calebasse, aujourd’hui en polystyrène recouvert de tissu. Il est toujours accompagné du mangsari, sac en filet suspendu pour la récolte.

Pêche raisonnée et savoir durable
Les haenyeo plongent environ quatre-vingt-dix jours par an, jusqu’à sept heures par jour, sans bouteilles d’oxygène. Elles peuvent descendre jusqu’à vingt mètres et remontent à la surface en expirant un sifflement caractéristique se rapprochant de celui du dauphin, le sumbisori. Leur pratique respecte les cycles de reproduction marine et les saisons. Leur éthique interdit la surpêche et l’usage de la technologie moderne. Elles sont les gardiennes d’une écologie marine traditionnelle.
Spiritualité et mythes
Ancrée dans le chamanisme coréen, leur pratique rend hommage à plusieurs divinités marines. Chaque année, elles prient Yeongdeung-sin (영등신), déesse du vent, et Yongwang-sin (용왕신), le dieu dragon. La figure mythique de Seolmundae Halmang (설문대할망), grande-mère à l’origine de l’île et du mont Halla, demeure la déesse tutélaire de Jeju. Elle aurait créé les cônes volcaniques (oreum) ou encore les canyons sous-marins. Le mont Halla, lui-même, situé au cœur de Jeju, serait aussi le fruit de sa création.

En ce moment chez K! World…

Le magazine K! World N°47 est déjà disponible en pré-commande sur notre boutique en ligne et dans l’ABONNEMENT 1 AN ! Avec Kpop Demon Hunters, BLACKPINK, ATEEZ, i-dle, ENHYPEN…
▶︎ À découvrir EN CLIQUANT ICI !
▶︎ Abonnez-vous EN CLIQUANT ICI !