Haetae : le gardien mythique de la Corée

Dans KPop Demon Hunters, les mascottes Derpy et Sussie (un tigre et une pie) évoquent l’imaginaire visuel de la peinture coréenne traditionnelle « jakhodo » (où « jak » signifie pie, « ho » tigre et « do » peinture). Mais c’est une autre figure du bestiaire mythologique coréen qui attire l’attention : le haetae (해태), ou haechi (해치), créature légendaire à mi-chemin entre le lion, le dragon et la licorne. Il incarne la justice, la protection et la sagesse, et continue de marquer la culture coréenne, de l’Antiquité à nos jours.

Une créature hybride et protectrice

Dès l’époque ancienne, le haetae apparaît dans les textes comme un être au corps de lion couvert d’écailles, doté d’une crinière flamboyante, de crocs puissants, d’une corne unique sur le front et d’une clochette autour du cou. Il s’inspire du xièzhì (獬豸) chinois, animal mythologique doué de discernement moral.
Sous la dynastie Joseon (1392–1910), le haetae devient une figure protectrice : des statues de pierre sont érigées devant les bâtiments royaux et officiels, notamment à l’entrée du palais Gyeongbok à Séoul, pour écarter les incendies et repousser les esprits néfastes.

Symbole de justice et d’intégrité

Le haetae ne se limite pas à un rôle de gardien : il devient aussi un emblème éthique. Sous Joseon, il est adopté comme symbole par le saheonbu (사헌부), organisme de contrôle des hauts fonctionnaires. Les magistrats arborent son effigie sur leurs insignes pour souligner leur devoir d’impartialité.
Selon la légende, le haetae pouvait frapper les coupables de son unique corne tout en épargnant les innocents, à l’instar de la déesse grecque Thémis. Sa fonction moralisatrice illustre la valeur profonde que la société coréenne accorde à la justice et à la droiture.

Le haetae dans la Corée contemporaine

En 2009, la ville de Séoul adopte le haetae comme mascotte officielle sous le nom de « haechi », remplaçant l’ancien emblème wongbomi. Il devient un symbole de vigilance, d’équité et de transparence. On le retrouve aujourd’hui dans les logos institutionnels, les panneaux touristiques, les stations de métro ou sous forme de sculptures dans les rues de la capitale.
Son apparence a d’ailleurs été modernisée en avril 2024 pour renforcer son attractivité auprès du jeune public.

En 2019, un exemplaire de statue du haetae est offert par la Corée au Palais de la Paix* à La Haye (Pays-Bas), en signe de coopération diplomatique et d’attachement aux valeurs universelles de justice et de paix.

*Siège de la Cour permanente d’arbitrage, de la Cour internationale des Nations unies, de l’Académie de droit international de la Haye et de la bibliothèque du Palais de la Paix.

Un patrimoine vivant à (re)découvrir

Gardien des palais d’hier et des avenues d’aujourd’hui, le haetae symbolise le lien durable entre tradition et modernité. Il incarne des valeurs intemporelles – intégrité, bienveillance, discernement – et reste un repère identitaire fort dans l’imaginaire collectif coréen.

Le drama Haechi

Le drama historique Haechi (SBS, 2019) met en scène le prince Lee Geum (Jung Il Woo), rejeté en raison de ses origines modestes, qui lutte pour réformer le royaume de Joseon. Ce sageuk mêle intrigues politiques, alliances et trahisons. Le personnage de Park Mun-su (Kwon Yul) est basé sur un fonctionnaire réel connu pour son combat contre l’injustice.

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Pour aller plus loin… 

– Exposition : Haechi, The Symbol of Justice, Musée folklorique national de Corée
– Article : The Haetae: Korea’s Mythical Guardian – Korea.net
– Documentaire : Mythical Creatures of Asia, épisode sur la Corée, KBS World
– Recherche universitaire : Lien symbolique entre Haetae et valeurs morales dans l’architecture Joseon – Université nationale de Séoul (SNU)

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