INTERVIEW : Cookim fait rayonner la cuisine coréenne sur Instagram

Si vous êtes adepte de gastronomie coréenne et que vous aimez vous perdre des heures dans les reels Instagram, le nom de Cookim ne vous est sans doute pas inconnu. Kim Jeong Ho, de son vrai nom, a vu sa communauté grandir mois après mois, jusqu’à atteindre les deux millions d’abonnés.

Tout comme son contenu, sa cuisine a pris de l’ampleur : désormais installée à Séoul, elle est devenue le décor dans lequel Cookim se met en scène avec humour et précision. Avec son visage souriant, son tablier bleu marine et sa voix posée, rien d’étonnant à ce que ce chef autodidacte soit devenu, en quelques années, une référence incontournable de la cuisine coréenne en ligne. Loin des productions trop léchées, ses vidéos ont conquis le public grâce à leur ton sincère, accessible et pédagogique, une signature naturelle pour celui qui, avant tout, gagnait sa vie en donnant des cours particuliers à des jeunes. Sur YouTube comme sur Instagram, il partage des recettes traditionnelles revisitées, des astuces techniques et des plats du quotidien, avec une approche simple mais toujours rigoureuse. 

Une success story qui a récemment franchi le cap du virtuel : en juin 2025, Cookim a lancé un pop-up culinaire à Hongdae, où ses abonnés ont pu découvrir ses créations. En partenariat avec Hammers, un lieu chaleureux à mi-chemin entre restaurant et fast-food, il a proposé pendant cinq jours sa spécialité : le sandwich au kimchi. Lors de mon séjour, j’ai eu la chance de lui rendre visite et de goûter ce fameux sandwich. Un vrai régal : un kimchi doux mais plein de caractère, une viande de bœuf ultra fondante, une généreuse couche de fromage et deux tranches de pain au levain bien croustillantes. Chaque bouchée était parfaitement équilibrée, à la fois riche, acidulée et réconfortante. Sûrement l’un de mes meilleurs souvenirs culinaires en Corée ! 

Et l’expérience allait bien au-delà de l’assiette : un hôte attentionné, qui passe de client en client pour recueillir leurs impressions, qui partage anecdotes et sourires, et prend volontiers la pose avec ses fans. Ce jour-là, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec lui. Retour sur une rencontre imprévue… mais extrêmement enrichissante.

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Avant Cookim, il y avait Kim Jeong Ho. Peux-tu nous parler de ton parcours avant de devenir créateur de contenu ?

Avant de devenir créateur, j’étais étudiant à l’université pour devenir professeur des écoles. En parallèle, je donnais des cours particuliers de sciences de la vie à des lycéens. Et j’étais aussi un jeune dans la vingtaine complètement fauché, qui voulait juste cuisiner de bons petits plats pour sa copine. Comme je n’avais pas les moyens d’aller au resto, j’ai commencé à apprendre à les faire moi-même.

Tu étais professeur à temps partiel et cuisinier passionné le soir, avec une communauté Instagram qui ne cessait de grandir. Comment arrivais-tu à jongler entre ces deux univers ? 

Pour être précis, j’étais étudiant de 9 à 17 heures, prof particulier de 18 à 22 heures, et passionné de cuisine après 23 heures. Les études, c’était pour mon avenir. Les cours particuliers, pour payer mon quotidien. Et la cuisine, c’était ma façon de fuir le réel et de décompresser. En fait, cet équilibre me convenait bien… sauf que je dormais très peu ! Grâce aux americanos glacés et au Red Bull, j’ai tenu le coup. Et il y a environ un an, j’ai obtenu mon diplôme et arrêté les cours particuliers pour me consacrer entièrement à ma vie de créateur.

Quel a été le déclic qui t’a poussé à partager ta cuisine en ligne ?

Pas de grand déclic dramatique. Je savais déjà cuisiner, et j’avais un peu d’expérience en montage vidéo grâce à un job dans une entreprise d’enseignement du coréen. Un jour, je suis tombé sur une vidéo de cuisine très simple, de qualité assez moyenne, qui avait pourtant des tonnes de vues et de likes. Je me suis dit : « Hein ? Même ça, ça marche ? Moi aussi je devrais tenter ! ». Ça ne m’a pas semblé contraignant, parce que cuisiner, filmer, monter… J’aimais déjà tout ça.

Quelle est ta philosophie en cuisine ? Qu’aimerais-tu transmettre à travers tes plats ?

Je veux partager de la chaleur humaine à travers la cuisine. Quand je pense à cuisiner, je revois ma mère dans la cuisine quand j’étais petit : elle s’activait pour nourrir toute la famille avec des plats maison sains. Cette image est si douce, si réconfortante… J’aimerais que les gens ressentent cette même chaleur en regardant mes contenus. Parce que les bonnes choses, ça se partage. 

Quelle recette représente le mieux ton identité culinaire ?

Le sandwich au kimchi. Mon objectif, c’est de faire découvrir la cuisine coréenne au monde entier, mais ce n’est pas toujours facile de présenter uniquement des plats purement coréens à des gens qui ne les connaissent pas. Alors j’essaie de mélanger des formats familiers de cuisine occidentale avec des ingrédients coréens pour attirer l’attention, et petit à petit, amener les gens à explorer la cuisine coréenne. Le sandwich au kimchi est l’un de ces plats. 

Tes vidéos sont très pédagogiques. Ton parcours d’enseignant influence-t-il ta manière d’expliquer une recette ?

Complètement. J’ai étudié dans une université destinée aux futurs professeurs, où on nous apprend à enseigner aux enfants. Et les jeunes détestent ce qui est compliqué ou inconnu, donc, il faut toujours partir du simple et du familier. Ensuite, j’ai appliqué ça en cours particuliers, en transformant la théorie en pratique. Ce parcours m’a naturellement amené à structurer mes vidéos de cuisine de manière claire, simple, compréhensible.

Tu as une communauté fidèle et engagée. Comment entretiens-tu ce lien avec ton public ? 

Honnêtement, je ne sais pas trop comment je fais. J’essaie juste, sincèrement, de respecter, d’aimer et de prendre soin de mon audience. Je ne me dis jamais « comment je vais leur soutirer de l’argent ? » ou « comment les piéger pour avoir plus de vues ? ». Je me demande plutôt : « Comment les faire rire ? Comment leur donner du bonheur ? Comment partager avec eux le plaisir de cuisiner ? ». Cette mentalité m’a sans doute aidé. Mais j’ai encore du mal : je ne peux pas répondre à tous les commentaires ou messages et je suis trop introverti pour organiser des rencontres. Je m’en veux un peu pour ça.

Tu donnes aussi des cours de cuisine. Comment se passe un Cookim Class ?

« Cookim Class » : j’adore le nom ! L’ambiance est super détendue. La plupart des participants sont des abonnés, donc ils arrivent avec bienveillance et bonne humeur. Même quand je fais des erreurs, ils rigolent et restent à fond. Et à la fin, on prend souvent des photos ensemble, parfois ça ressemble à une mini fanmeeting !

Tu revisites souvent des plats traditionnels. Quel est, selon toi, le plat le plus sous-estimé de la cuisine coréenne ?

Le sikhye, la boisson traditionnelle à base de riz. Elle est naturellement sucrée, très subtile en goût. Je ne dirais pas qu’elle est sous-estimée, mais plutôt qu’elle n’a pas encore été découverte. Elle mérite vraiment plus d’amour !

Et quelle fusion culinaire t’amuse ou t’inspire le plus ?

Le burrito au kimchi ! C’est un plat qui m’a fait réaliser que la fusion peut être une super porte d’entrée vers les saveurs coréennes, surtout pour les gens qui n’oseraient pas les découvrir autrement. 

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui découvre la cuisine coréenne pour la première fois ?

Ne fais jamais confiance à un Coréen quand il te dit : « Ce n’est pas épicé ». En vrai, ça veut juste dire : « Moi, je le supporte ».

Y a-t-il un plat que tu cuisines pour te réconforter après une journée difficile ?

Le ragoût de kimchi au porc. Ça me rappelle quand ma mère le préparait quand j’étais enfant. C’est chaud, rassurant, ça fait du bien.

Comment vois-tu l’évolution de la cuisine coréenne à l’international ?

C’est une question difficile ! Je ne sais pas exactement quelle direction elle prend, mais je pense que la fusion va jouer un rôle important pour éveiller la curiosité. Et avec le temps, les gens apprendront à apprécier les plats coréens pour ce qu’ils sont, sans avoir besoin de les adapter.

Tu as récemment ouvert un pop-up store à Hongdae. Peux-tu nous raconter cette expérience, comment t’est venue l’idée ?

Tout a commencé il y a deux ans, pendant une session FAQ sur Instagram. Quelqu’un m’a demandé : « Si tu devais vendre un plat aux États-Unis, ce serait quoi ? ». J’ai répondu sans hésiter : « Le sandwich au kimchi. ». C’est bon, c’est un mélange parfait entre Corée et Occident, donc parfait pour faire découvrir les saveurs coréennes. Depuis ce jour, j’ai gardé l’idée dans un coin de ma tête. Puis un ami, qui possède un petit resto de sandwichs, m’a proposé de faire un pop-up store. J’ai longtemps hésité, car 99 % de mes abonnés sont à l’étranger et je me disais que personne ne viendrait en Corée… mais quelque chose m’a dit que c’était le bon moment. Alors j’ai dit oui. Ce n’était pas une décision très rationnelle. Mais au final, c’était encore mieux que ce que j’avais imaginé… même si j’ai failli m’évanouir deux ou trois fois à cause de la fatigue !

Tu aimerais ouvrir un restaurant ou un café un jour ?

Mon rêve, c’est de faire connaître la cuisine coréenne dans le monde entier. Si ouvrir un restaurant ou un café peut m’aider à y arriver, alors oui, j’en serais très heureux.

Que peut-on attendre de Cookim dans les mois à venir ?

Je prépare un nouveau pop-up store ! Vous me verrez bosser là-dessus et je continuerai à partager, en ligne, une cuisine coréenne chaleureuse et faite avec le cœur.

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Un dernier mot pour les lecteurs de K! World ?

C’est grâce à vous tous, qui aimez la culture coréenne, que des créateurs comme moi peuvent faire ce qu’ils aiment. Je vous suis vraiment reconnaissant et je continuerai à travailler dur pour rendre un peu de l’amour et du soutien que j’ai reçus. Merci du fond du cœur !

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Retrouvez Cookim sur :

▶︎ Instagram @__cookim_
▶︎ YouTube @Cookim97

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