INTERVIEW : Kwon Soon Kwan, un artiste plein d’authenticité

par Lucile TD

Peut-être le connaissez-vous en solo, ou en groupe dans no reply, Kwon Soon Kwan a voué sa vie a une chose, et une seule : la musique « bien faite ». Il s’est confié à nous à l’occasion de la sortie de son nouvel opus Connected !

Expliquez-nous l’histoire de votre nouvel album Connected. Quel en est son message ?

C’est un album qui parle d’un constat que j’ai fait il y a peu, pour moi tout est connecté. Je me suis rendu compte que je ne suis pas seul, que tout le monde peut me donner des explications. Au départ, cet opus a été créé avec l’idée fataliste selon laquelle je suis « déjà connecté à tout le monde ».

Pas mal d’années se sont écoulées entre vos deux albums A Door et Connected, comment qualifieriez-vous votre évolution musicale entre ces deux opus ?

L’opus A Door parlait principalement de départ. Quand on doit quitter quelqu’un ou quelque chose, on ressent beaucoup de tristesse. Connected a un sens plus magnifique encore, et l’évolution entre les deux opus est une force pour moi. Je pense que le nouvel album a un message emprunt d’amour, avec un chant plus doux aussi. Grâce à Connected, je me suis un peu éloigné de mon genre de prédilection qu’est le rock, ou la musique énergique de manière plus générale. J’ai essayé d’en faire quelque chose de simple et sympathique.

De quelle chanson de cet album êtes-vous le plus fier, et pourquoi ?

Personnellement, j’adore la chanson Stay. Elle a une structure bien particulière, et malgré les accords simples, je pense qu’on peut qualifier sa mélodie d’attractive. Le point culminant de la chanson est le chœur, et les magnifiques sons de cordes qui viennent l’accompagner.

Vous apportez une attention toute particulière à la musique, comment trouvez-vous un équilibre entre la musique que vous aimez faire, et celle qui plaît au public ?

J’essaie toujours d’atteindre cet équilibre. Je n’ai pas envie de tout expliquer sur ma musique, mais je pense que de la bonne musique nous fait automatiquement nous sentir bien quand on l’écoute. Pour arriver à cet objectif, on retire et retravaille des parties de chansons qui pourraient sembler étranges, pour avoir un résultat impeccable à la fin. Cependant, m’épanouir dans la pop mainstream n’est pas ce que je vise. La musique que j’écoute depuis longtemps, c’est le jazz d’artistes anglais et américains, et ça change radicalement du reste de la musique qu’on peut trouver. Surtout en terme de sonorités, je préfère les sons graves et chaleureux aux sons solaires, qui eux sont plus typiques de la K-Pop.

Vous avez fait vos débuts en solo après avoir débuté dans no reply, quelle a été la différence entre ces deux étapes importantes de votre carrière ?

Pour moi, no reply est un duo construit comme un groupe de musiciens. On a une musique pleine d’énergie et qui peut traverser les frontières, et surtout on écrit nos chansons en pensant à la place que va prendre la guitare. En tant qu’artiste solo, la principale différence, c’est que je peux chanter avec comme seul accompagnement le piano. Je crée de la musique très personnelle, et j’y inclus mes messages et des conversations en tête-à-tête avec mes auditeurs.

Sur le plan musical, que pouvez-vous faire en solo que vous ne pouvez pas faire en groupe ?

Je peux faire de la musique seul avec mon piano. Dans no reply, on a une orientation plutôt rock, tandis que ma carrière solo est centrée autour du piano, pour créer des morceaux entre la folk et les ballades.

En tant qu’artiste, quel est votre prochain objectif ?

Je veux être un musicien qui a la capacité de pouvoir se renouveler, essayer des choses sans tout le temps rester dans ma zone de confort. Je suis quelqu’un qui a tendance à rester posé, mais quand on parle musique, je ne veux pas refaire la même chose deux fois. C’est pour ça que chacun de mes albums a ses propres caractéristiques. Et j’espère que mes fans sont impatients de voir ces changements. Mon objectif, c’est de faire de la bonne musique, avec une histoire et des émotions.

Comment avez-vous vécu l’évolution de la musique indépendante en Corée ? La façon dont elle est perçue a-t-elle changé ?

À l’époque où on a sorti les premier et second albums de no reply, la scène K-Indie était beaucoup plus bouillante que maintenant. À part nous, il y avait aussi Peppertones, Mates et 10cm qui cartonnaient, mais nous étions aussi plus jeunes. Si on la compare aux scènes hip-hop et R&B, la scène K-Indie est assez calme ces temps-ci. Mais on voit quand même pas mal d’artistes importants faire leur apparition, et je pense que la tendance va revenir et faire reconnaître ce genre une bonne fois pour toutes.

Vous êtes également connu pour vos nombreuses collaborations, l’une d’entre elles vous a-t-elle marqué particulièrement ?

Celle avec Kwon Jin Ah est vraiment mémorable. Elle a interprété la chanson Behind the page mieux encore que je ne l’aurai imaginé, elle l’a incarné. Ça va au-delà du fait d’être une bonne chanteuse. Je trouve que c’est une vocaliste hors-pair. Pendant l’enregistrement de cette chanson, le second refrain était tellement au point qu’on a quasiment fini en une seule prise. L’expression de ses émotions était si bien que j’étais heureux pendant tout le processus.

En parlant de collaboration, vous avez invité Crush sur la chanson titre de votre dernier album. C’est un artiste assez mainstream, comment se sont mêlés vos deux univers ?

Crush est un artiste qui m’intéresse depuis longtemps maintenant. On avait mentionné le fait de travailler ensemble, mais les années se sont écoulées sans qu’on ne fasse rien. Je pensais qu’il était la bonne personne pour Connected, parce qu’il a beaucoup de groove et des tonalités vocales qui correspondent à ce que j’attendais de lui. Il a fait le refrain et l’a construit au fur et à mesure, j’étais fasciné. Ses chansons actuelles sont vraiment bonnes, mais à mes yeux il est devenu Crush, l’artiste en qui je peux avoir confiance et que je peux écouter.

Même si la période est particulière, de nouveaux projets sont-ils en préparation ?

Je suis terriblement désolé de ne pas avoir pu donner de performance. C’est une période qui rend la mise en place de projets difficile, mais j’ai l’intention d’enseigner la musique, en commençant par un long cours en école. Je travaille actuellement sur de la présentation et de la promotion musicale grâce à la radio et à YouTube. Il n’y a aucune performance au programme pour le moment, donc je travaille dur pour créer de nouvelles chansons. Mais je n’ai pas encore réfléchi à la forme qu’allait prendre tout ce travail.

Avez-vous un dernier mot pour les lecteurs de K! World, et une chanson à recommander au passage ?

Je recommande To You, chanson promotionnelle de mon nouvel album. J’espère qu’elle sera un réconfort pour toutes les personnes qui traversent une période difficile. Je souhaite que tout le monde garde la santé, et j’aimerais qu’on puisse se voir bientôt à l’occasion d’un concert. D’ici là, je ne veux qu’une chose : que tout le monde se porte bien. Merci !

Crédits photo 📸 Happy Robot Records