INTERVIEW : Otis Lim, autodidacte en quête de perfection

par Lucile TD

STONESHIP est un petit label coréen, ultra motivé à faire découvrir ses artistes prometteurs sur la toile. Parmi eux, on retrouve Otis Lim, un jeune talent autodidacte, éternel insatisfait en quête de perfection pour sa musique. L’artiste s’est livré pour la toute première fois, en exclusivité à K! World.

Bonjour, un grand merci pour cette entretien ! Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Bonjour, je suis Otis Lim, un artiste venu tout droit de Corée du Sud. C’est un honneur de donner ma première interview à K! World !

Comment décririez-vous votre univers artistique ?

Les mots qui me viennent sont « esthétique inachevée ». J’ai des idées plein la tête, et je pense que la recherche sera, jusqu’à ma mort, un processus continu. Mais c’est aussi sûrement ce qui fait mon charme ! (Rires.) Je n’arriverai jamais à me poser complètement, donc j’aurai toujours ce côté inachevé.

Vous faites beaucoup de choses par vous-même dans votre musique, notamment l’écriture et la composition. N’est-ce pas difficile d’être livré à soi-même quand on est jeune artiste ?

Effectivement, de plus en plus d’artistes s’auto-produisent de nos jours, et j’en fait partie. Quand j’écris des paroles, que je compose ou que je fais des arrangements musicaux, bien entendu le processus de création prend plus longtemps, et j’en suis aussi plus stressé. Mais c’est aussi grâce à ça que je peux incorporer plus de facettes à ma musique. C’est difficile de créer une chanson en partant de zéro, mais je suis extrêmement fier de l’écouter quand j’en termine une. Et je suis totalement accro au sentiment que les gens éprouvent en écoutant à leur tour mes morceaux. Ça me fait oublier toutes les épreuves endurées, et me motive à persévérer ! (Rires.)

Comment avez-vous eu le déclic pour vous lancer dans la musique de manière professionnelle ?

En Corée, nous avons un excellent réseau de karaokés ; on peut aller chanter quand on a envie, après seulement dix minutes de marche. Plus jeune, j’adorais chanter et j’allais très souvent au karaoké, jusqu’à cinq fois par semaine. (Rires.) Mes parents n’aimaient pas ça du tout. Mais c’est ce qui m’a poussé à sérieusement considérer la musique de manière professionnelle. Pendant mes années lycée, j’ai passé un examen d’art, et c’est après cette étape que j’ai rêvé de devenir artiste.

Votre premier EP Airbag est sorti en 2019, comment étaient vos débuts ?

Pendant les préparations d’Airbag, il y a eu des hauts et des bas. Mais tout ce que je faisais était une première pour moi. Quand j’étais étudiant, je faisais beaucoup de reprises, alors quand j’ai commencé à créer mes propres chansons, ce n’était pas évident. Airbag est le premier EP que j’ai sorti après avoir commencé à composer mes titres seul. Cela ne faisait pas longtemps que je pratiquais, donc la qualité n’était pas au niveau de mes exigences, mais j’ai quand même pris la décision de sortir l’EP tel quel pour montrer mon côté brut, sans artifices. J’ai préféré aller de l’avant, plutôt que de trop espérer de mes compétences de l’époque. Heureusement, grâce à la sortie d’Airbag, beaucoup de gens ont reconnu mon potentiel, et j’ai eu la chance de rencontrer les précieux collègues que j’ai aujourd’hui, ainsi que mes fans.

À ce jour, c’est votre chanson FINGER FIGHTER qui semble avoir le plus retenu l’attention du public. De quoi parle-t-elle ?

En Corée, les « batailles de pouces » sont assez populaires. Comme vous pouvez le voir dans la seconde partie du clip, ce jeu consiste tout simplement à tenir la main de son adversaire, et de lui écraser le pouce avec son propre pouce pour gagner la partie. J’y joue tout le temps avec mes amis, mais je suis particulièrement mauvais. C’est sûrement parce que mes mains sont plus petites que la moyenne. (Rires.) C’est en perdant une partie que j’ai pensé à écrire une chanson dessus, l’inspiration m’est venue toute seule. Je pense avoir fini l’écriture des paroles en deux heures. Une fois les paroles terminées, j’avais déjà des idées en tête pour le tournage du clip. Et la vidéo telle que vous la voyez maintenant est née, avec l’aide de mes amis.

Selon vous, pourquoi a-t-elle particulièrement plu ?

Beaucoup ont adoré la chanson et le clip, mais je pense que ce qu’ils ont aimé, c’est de me voir au naturel, plein de vie.

Votre nouvel EP arrive le 30 mai, que pouvez-vous nous en dire ?

Mon prochain EP s’intitule Walkin!. Dans cet opus, j’ai mis l’accent sur le message derrière chaque chanson, c’est pourquoi il est si cher à mon cœur. C’est la première fois que je suis confiant sur la qualité de mes chansons, et le processus de création en compagnie de mes collègues. J’ai vraiment tout donné pour ne pas me retrouver avec le même sentiment de frustration que mes précédents morceaux.

Une petite info à nous donner concernant la création de Walkin! ?

Sur Walkin!, on retrouve les artistes SUMIN et Hoody. J’admire beaucoup ces deux chanteuses, je leur ai donc demandé de travailler avec moi, et je suis ravie qu’elles aient accepté. Elles s’en sont encore mieux sorties que ce que j’imaginais. J’aimerais m’auto-complimenter pour avoir osé leur demander spontanément de travailler avec moi ! (Rires.)

D’autres projets sont-ils au programme de 2021 ?

Je travaille sans relâche, mais je n’ai rien de bien arrêté pour le moment. Il y a énormément de choses que j’aimerais faire, mais j’ai aussi besoin de temps pour organiser tout ça.

Quelle chanson vous rend le plus fier ?

Je pense que Walkin!, chanson titre de mon prochain EP, est mon morceau favori. Je l’ai écrit pour apporter mon soutien à toutes les personnes qui sont épuisées par la pandémie de COVID-19. Je l’ai déjà interprété à un ami, déprimé par sa vie personnelle, et j’étais très fier d’entendre qu’il était un peu plus optimiste après l’avoir écouté.

Est-ce que la distanciation sociale due à la COVID-19 vous a aidé côté créativité ? Ou était-ce au contraire un challenge additionnel ?

À cause de la COVID-19, j’ai passé beaucoup plus de temps en studio que d’habitude, mais ça ne m’a pas vraiment aidé à créer. D’habitude, je m’inspire de mes proches et de mes expériences personnelles, et ce n’est pas facile de puiser son inspiration du quotidien avec toutes les restrictions. En ce moment, j’essaie de trouver des idées grâce à des loisirs que je peux pratiquer seul, comme regarder des films ou faire du sport. J’espère que la COVID-19 sera bientôt derrière nous.

Contrairement à beaucoup d’autres artistes de K-Hip-Hop, vous n’êtes pas très actifs sur les réseaux sociaux. Avez-vous une raison particulière ?

Comme dit plus haut, j’avais l’impression de ne pas être assez bon dans ce que je faisais, donc je n’étais pas très actif sur les réseaux sociaux. Je voulais me rapprocher de mon public qu’après m’être amélioré. Pour la sortie de mon nouvel EP, j’ai l’intention d’être plus actif sur les réseaux sociaux, alors suivez-moi !! (Rires.)

En tant qu’artiste, quel est votre rêve ultime ?

J’aimerais devenir un artiste irremplaçable, capable de fixer ses propres limites. Je veux être un symbole, une influence positive, et que le public soit au rendez-vous pour m’écouter pendant de nombreuses années.

Un dernier mot à faire passer à nos lectrices et lecteurs ?

Merci beaucoup d’avoir découvert mon parcours ! J’ai adoré pouvoir me rappeler de tout un tas de souvenirs pendant cette interview. Prenez bien soin de votre santé, et donnez beaucoup d’amour à mon EP Walkin! quand il sortira ! Merci ! 🙂

Crédits photo 📸 STONESHIP