Le mois de la Pride touchant à sa fin, il est temps pour nous de clôturer cette série de portraits spéciaux ! Pour ce faire, nous vous présentons MRSHLL, le premier chanteur sud-coréen à avoir commencé sa carrière musicale en assumant pleinement son homosexualité.
Marshall Bang a vu le jour et passé la majeure partie de sa vie aux États-Unis, où les droits LGBTQ+ sont bien mieux défendus qu’en Corée du Sud. Néanmoins, l’utilisation péjorative des noms donnés à l’homosexualité reste courante, et MRSHLL a expliqué avoir identifié celle-ci comme étant une mauvaise chose dès le collège, avant même de savoir de quoi il s’agissait exactement.
En plus de ces mentions dévalorisantes, qui l’ont poussé à cacher son intérêt pour les garçons, son contexte familial était peu propice à l’épanouissement de cette part de lui. En effet, ses deux parents ont toujours été très impliqués dans la religion chrétienne, et sa mère est devenue pasteure lorsqu’il avait douze ans. Ainsi, MRSHLL a grandi avec la conviction que l’homosexualité était un pêché, et a révélé avoir énormément prié dans l’espoir d’arrêter de l’être.
Paradoxalement, c’est grâce à cet environnement qu’il a trouvé sa vocation qu’est le chant. En intégrant des chorales et des groupes de louanges, il a pu développer ses talents vocaux, son goût pour la performance et son envie de créer de la bonne musique. Toutefois, la reconnaissance ressentie vis-à-vis de ces événements positifs ne l’a pas empêché de remettre en question ses acquis.
Désireux d’avoir la possibilité de fréquenter quelqu’un, et tout simplement d’être heureux au même titre que n’importe qui, il a décidé de totalement accepter son homosexualité. À partir de là, les divers coming-outs qu’il a effectués se sont faits naturellement, engendrés par l’envie de vivre sa propre vérité, libérée des idées reçues et d’une vision manichéenne.
Si ses frères ont facilement accepté son coming-out, cela a été bien plus compliqué avec sa mère. Non seulement possède-t-elle de fortes croyances, mais elle fait aussi partie de la génération sud-coréenne qui considère les minorités sexuelles comme une mode occidentale passagère, et donc, comme un choix plutôt qu’une caractéristique innée. C’est pour ces raisons que Marshall a vécu des périodes très difficiles suite à ce coming-out spécifique. Toutefois, il raconte qu’il parvient petit à petit à gagner la compréhension de sa mère, déployant ainsi un réel espoir pour le reste de la Corée du Sud.
Toutes ces expériences liées à son homosexualité ont évidemment nourri son style et ses chansons, mais MRSHLL répète souvent dans ses interviews que ce n’est pas la seule chose qui le définit. Ce qui compte le plus pour lui et le représente vraiment, c’est avant tout sa musique !
En 2012, l’émission « Star Audition : The Next Big Thing » (MBC), le repère grâce à ses reprises et vidéos de chorale postées sur YouTube, et lui propose d’y participer. C’est ainsi qu’il part s’installer à Séoul et qu’il rencontre le public sud-coréen pour la première fois. Bien qu’il n’ait pas remporté la victoire, de belles opportunités en ont découlé…
En effet, cinq ans de préparations et quelques collaborations musicales plus tard, il débute officiellement avec le mini-album Breathe. C’est l’agence Feel Ghood Music qui l’a entraîné et soutenu, laissant libre court à ses propres faits et gestes et surtout, à son authenticité.
Breathe est un mini-album qui décrit les différentes formes d’amour dont MRSHLL a bénéficié dans sa vie, que ça soit l’estime de soi, l’acceptation ou l’amour au sein d’une relation. Qualifiées d’envoûtantes et imprégnées d’electro R&B, ses chansons se démarquent grâce à sa grande maîtrise vocale : les falsettos et les nuances de tonalité sont au rendez-vous !
En dépit de son manque de visibilité, MRSHLL continue de faire évoluer sa musique avec d’autres titres, et travaille souvent avec d’autres artistes de l’industrie, tel qu’Eden de KQ Entertainment, producteur de la plupart des musiques d’ATEEZ.
MRSHLL est un artiste humble qui ne prétend pas représenter la communauté LGBTQ+, mais qui espère faire reculer les stéréotypes négatifs et les jugements qui entourent celle-ci.
Indirectement, en s’affirmant et en partageant son vécu, il se bat pour la reconnaissance du droit au bonheur pour toutes les minorités sexuelles. Il a également réussi la prouesse de remettre en question ses propres croyances limitatives pour mieux s’accepter et s’aimer. Il s’agit, en somme, d’une belle inspiration pour tout le monde !
